SB - VII.192.F  

Hans Burkhard* 320/448
né ou baptisé le 2 septembre 1688 à Richterswil** (CH) le 15 décembre 1764 à Richterswil (CH)
fils de Hans Jacob Burkhard (1660 - 1720) 640/896 et de Elisabeth Goldschmid (1657 - 1704) 641/897

 il épouse 1)   vers 1719 à . . . (CH) 
Susanna Gattiker
321/449
née ou baptisée le 3 octobre 1697à Richterswil (CH)
le 2 août 1735 ? à . . .(CH)
fille de . . . . . .il épouse 2)   le 17 février 1740 à Richterswil (CH) 
Regula Buler
née vers 1704 à Hombrechtikon (CH) le 30 avril 1740 à Richterswil (CH)
fille de . . . . . .

  Enfants0
1)
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3)
  4)

5)
 
6)
 
7)
8)
9)

*
**
*** 
 du 1er lit (tous nés à Richterswil (CH)) : (tous nés à Richterswil (CH) :
Margrit Burkhart (13.05.1720 - . . . 17..) a
Dorothea Burkhart ( . . . 1721 - . . . 17..) b
Hans Jacob Burkhart ( . . . 1722 - . . . 1778) c
Hans Heinrich Burkhard (09.06.1724 - 27.08.1797), 160/224
il épouse le 28.05.1752 Barbara Wymann (11.01.1735 - 15.10.1801) 161/225
Hans Georg Burkhart ( . . . 1726 - . . . 1793), e
il épouse le . . . Verena Schinz ( . . . 17.. - . . . 1...), f
Magdalena Burkhart ( . . . 1727 - . . . 17..), g
Elisabeth Burkhart*** ( . . . 1730 - . . . 17..), h
Catharina Burkhart*** ( . . . 1730 - . . . 17..), i
Hans Heinrich Burkhart ( . . . 1735 - . . . 17..), j

aussi orthographié à l'époque Burckardt, ou Burckhard, mais l'orthographe des noms n'est pas encore fixée.
écrit généralement Richhtenswyl, sur les documents de l'époque.  
Jumelle
 

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     L'enseigne
     de l'auberge

      conservée
     au musée historique
   de la ville de Bâle
   
¤
Hans Burkart est le fils de l'un des aubergistes de Ritcherswil,
le "Rappenwirth" (l'auberge "du Corbeau").
 
¤
Vers 1704, plusieurs jeunes de Richterswil ont pris l'habitude de se rencontrer dans la maison de Hans Danner dit Breit pour prier et chanter des cantiques. Le Pasteur de la paroisse ne voit pas la chose d'un bon œil car ledit Breit est suspecté d'être favorable aux idées anabaptistes (Täuferwesen) interdites dans le canton de Zurich depuis 1660. En effet la piété et la rigueur morale de ces derniers leur font rejeter le baptême des enfants, l'usage de la violence (antimilitaristes avant l'heure). Ils refusent aussi de prêter serment. Par leur attitude, ils remettent en question le fonctionnement des institutions. Nombreux, cinquante ans auparavant dans les environs de Richterswil, ils ont été impitoyablement pourchassés et contraints à s'exiler pour préserver leur conscience. Beaucoup se sont réfugiés en Alsace. Ce sont les ancêtres des Mennonites.
  * Hans vient de perdre
     sa mère. Il est très
     possible que son
     compagnon Heinrich
     soit un neveu
     d'Eslsbeth Golschmid.
Hans Burkhart* et Heinrich Goldschmid (son cousin germain ?) font partie de ces jeunes gens profondément touchés par le message évangélique. Ils organisent des rencontres où sont conviés des jeunes gens et des jeunes filles de leurs âges pour louer Dieu, prier et découvrir sa Parole. Morigénés par les autorités, en présence de leurs parents, ils promettent de se corriger. Mais se corriger de quoi ? De leur enthousiasme à vouloir suivre à la lettre les directives que Dieu a transmises dans son évangile ? Les jeunes continuent à se réunir. Ils sont tous convoqués en 1706 au château de Wädenswil devant le bailli pour y être à nouveau sévèrement repris. En 1711, Hans, avec les fils du taillandier Goldschmid organisent à nouveau des rencontres de jeunes. Ils ont tous moins de 20 ans (?) La belle-mère de Hans Burkhart, Anna Margaretha Fierz, avoue au pasteur qu'elle a même trouvé un livre anabaptiste dans la poche de son beau-fils, et que les jeunes se sont réunis plusieurs fois à l'auberge. Ce qu'on leur interdit désormais, mais ils passent outre...
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Il faut bien finir par choisir pourtant. Le plus engagé, Heinrich Goldschmidt, décide d'émigrer à Montbéliard. Mais il garde des liens étroits avec sa famille à Richterswil, qu'il revient visiter de temps en temps malgré le risque. Partir est le choix d'une minorité, car il faut tout abandonner et renoncer à tout ce qu'ils pouvaient espérer sur
 ** L'Alsace qui en avait
     accueilli beaucoup,
     vient de se fermer en
     1712 aux anabaptistes,
     sur ordre de Louis XIV.
place, pour se réfugier en des lieux plus tolérants comme le comté de Montbéliard*. L'accès à leur village natal leur est en effet interdit. Ils sont considérés comme civilement morts.
 
¤
Ce reniement de ses aspirations spirituelles conduit Hans à un retournement complet. Il rentre dans les rangs.
En 1720, à la mort de son père, il est vraisemblable qu'il reprenne en main la direction de l'affaire de batellerie et l'auberge familiale. Il a épousé, probablement l'année précédente, mais hors de Richterswil, Suzanne Gattiker, une jeune fille de 22 ans.
Le jeune père de famille est cité plusieurs fois parmi les notables choisis comme "Zeugen" (ou "Testes", littéralement = témoins) pour assister l'inspecteur ecclésia-stique, le doyen du chapitre, lors de ses inspections bisannuelles. Cela concerne les années 1726, 1728, 1731, 1734, 1737, 38, 39 et 40. Il est désigné comme étant le "Leutenant" (lieutenant) Burkhart. Il a donc même réintégré les rangs de la milice.
En 1743, 1745, et de 1747 à 1752, il y figure comme le "Seckelmeister" (boursier
 ** D'autres textes
      permettent de savoir
      que ce "Leutenant"
     
et ce "Seckelmeister "
     
ne font qu'un avec      
      
le "Rappenwirth"
     (aubergiste du Corbeau)       Burkhart.
communal) Burkhart**.
C'est manifestement en 1724 que Hans est devenu Lieutenant de la milice.
 
Le changement de vie se manifeste aussi dans sa façon d'être. Hans Burkhart est d'un caractère vif et emporté. Ces colères lui valent quelques ennuis : Le 22 octobre 1722, il se voit condamné à une amende pour coups et jurons. Le 13 mai 1741, c'est son fils aîné qui le seconde à l'hôtellerie, Jacob, qui est mis à l'amende avec plusieurs autres Richterswilois, le jour du marché qui se tient au village, un gars de Herrliberg, Christen Hofmann ayant été malmené, vraisemblablement en sa présence à l'auberge du Corbeau.
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En septembre 1737, Hans doit s'acquitter d'une amende pour un autre motif : avoir joué avec une vingtaine de compagnons. A quel jeu ? cartes ? dés ? paris ? le texte ne le précise pas.
 
V
ers 1742, Hans Burkhart est élu boursier communal, un poste de confiance qu'il
ne conserve que quelques années (en 1747, il est qualifié "d'ancien boursier" Alt Seckelmeister). En effet notre homme est bon en affaire. Il peut même acheter
en 1747 l'auberge de l'Ange, qu'il confie à l'un de ses fils Hans Heinrich.
A
côté de l'auberge, Hans gère une importante affaire de transport par eau. La batellerie est une affaire lucrative, surtout quand ont peut la jumeler avec l'accueil des voyageurs. Cela lui vaut un certain nombre de plaintes et de tracasseries de la part de ses concurrents.
Pendant une vingtaine années, il exerce son métier de batelier, d'abord comme aide, pour apprendre, puis comme patron. En 1753, il a confié son chaland (dont il partage la propriété avec deux autres personnes) à ses valets. Le bateau fait chaque semaine le voyage à Zurich. Le cumul de son emploi d'aubergiste et de batelier, qui fait sa prospérité, lui vaut des jalousies
 
 Les membres de la corporation "Pilgeriführer"
(les transporteurs de pèlerins) accusent en 1739 le sieur Burkhart, membre des "Schiffleute" de prendre
à son bord les pèlerins, alors qu'il devrait se limiter
au transport des marchandises.
Le bailli reconnaît leur privilège aux "Pilgeriführer"
dont les petits bateaux, les "Waidlinge", sont plus rapides, mais montre beaucoup d'indulgences envers les riches "Schiffleute". D'autant plus que Hans Burkhart occupe, ou va occuper, le poste de "Güterfertiger" (inspecteur et entrepreneur des transports).
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 En 1753, nouvelle plainte : cette fois, en plus d'une contestation de transport, c'est la prétention de Hans Burkhart d'accaparer les quais devant son auberge pour son usage exclusif qui est mise en cause. A nouveau le bailli tranche. Il déboute le plaignant de sa plainte sur le transport de personnes, mais impose aux aubergistes de laisser libre l'accès du quai qui est un lieu public.
 
Toujours en rapport avec des fonctions officielles, (nous voici bien loin des scrupules anabaptistes), le voici aussi juré aux assises de 1723 et 1740.
En 1753, il se voit confier le poste de "Fleich-Schätzer" (sans doute contrôleur du prix et de la qualité des viandes vendues par les bouchers).

 
D
ans son auberge, Hans fait son pain et en vend. C'est pourquoi il est convoqué avec 24 autres boulangers de Waedenswil et Richterswil, au château du bailli (Langvogt), où il leur est commandé de bien peser et de bien cuir leur pain.

¤ En juin 1757, Hans Burkhard achète à Hans Müller l'auberge de l'Ange (bey Engel) pour 6 400 florins. Il en confie la gestion à son second fils, Heinrich, qui devient vers 1756 le "Engelwirth", le frère aîné de celui-ci, Hans Jacob restant au Corbeau seconder leur père.

¤ Au moment du décès de Hans, les rôles sont redistribués entre les enfants. L'aîné, Hans Jacob, manifestement resté célibataire et qui occupe comme son défunt père, le poste de "Güterfertiger" (inspecteur et entrepreneur des transports) ainsi que celui de "Landrichter" (juge) et quartier-maître ("Quatiermeister"), cède l'auberge du Corbeau à son frère Hans Heinrich qui donne à son tour l'auberge de l'Ange, dont il s'est occupé jusqu'à présent, à leur frère cadet, Hans Georg.
 
 Sources :  
Charles Daniel Bourcart (1860-1940) 'Notice historique et généalogique sur la famille Bourcart' (manuscrit) 1927  
Daniel Bourcart et Jean Finiel 'Tableaux généalogiques de la famille Bourcart', 1978, pp.61-63  
Robert Baecher 'La chronique familiale des Goldschmidt', in Souvenances anabaptiste, n° 20, 2001, pp.29-54  
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12/2003