J'ai
froid, j'ai oublié de prendre une couverture et il fait humide, . |
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. ." Lune blessée "........................ . |
la.lune ne.me.réchauffera.pas. Alors à tâtons dans ma mémoire, je vais dans la souillarde et j'ouvre la malle bleue. Je pince les narines. Des courtepointes de coton, une, deux, trois, des draps brodés... Je sens quelque chose de dur et c'est dur aussi dans ma mémoire. Je sais que ce sont des cadres qui dorment là, sur deux rangées. Mais lesquels ? Je déplie lentement le linge blanc, trois séries de deux photographies, toutes les mêmes. Pour toutes les demeures de ma grand-mère... Et les voilà toutes les deux qui me sautent dans les bras l'une après l'autre. Mes deux aimées, mes deux disparues, je l'écris comme elle a dû le penser, ma grand-mère, un million de fois, mes deux aimées, mes deux disparues. Les mêmes traits fins pour deux vies qui se sont parfaitement juxtaposées, mes deux filles hurlerai-je, non ! mes deux surs, non ! ma tante et ma mère. L'une porte une robe de satin et des rubans qui nouent deux longs bandeaux blonds. Ce visage si petit et si grave, celui qu'ont les êtres que la mort va frapper dans les premiers temps de leur vie, c'est ma tante, Colettou. Elle repose près d'ici, à présent, et une touffe de lys blancs pousse à sa tête. |
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Et celle
qui sourit si doucement, auréolée d'un nuage de fines boucles,
les yeux grands ouverts sur la vie, émerveillée, c'est Noële
ma mère.
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* Faustine Imbert-Vier |
Mon Dieu, pourquoi sont-elles là, pourquoi sont-elles avec moi, pourquoi les ai-je sur les bras ? je voudrai les serrer, les étreindre une fois, ô une seule fois, contre ma poitrine. Et je voudrais que quelqu'un soit là et me prenne dans ses bras à mon tour. Et puis, je voudrais les poser, mais où puis-je les poser ? où peut-on poser ça, un tel poids qui ne pèse rien, deux photographies en noir et blanc. Les porter quelque part, à pas lent et m'en revenir sans elles qui ne m'appartiennent pas. Les poser au fond de mes mots et les ensevelir de phrases, leur donner des guirlandes de verbes aimants, d'adjectifs caressants et de noms aimés. Je n'y arriverai pas toute seule. Je n'y arriverai pas sans ton amour. Je garderai les couvertures. J'en aurai besoin, il pleut ce soir... .............................................................................FAUSTINE La Shruttiffine,. juillet 2000 |
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