SB - VI.100.F   
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Joseph François dit Jean Grosjean  164/228 
né en 1748 à Cureur (74 ou CH) (?) le 10 mai 1814 à Rorschwihr (68) 
  
fils de Pierre Grosjean (17.. - <1773) 328/456 et de Porona Pasquier (17.. - <1773) 329/457
il épouse  1) le 23 février 1773 à Sélestat* (678)     
Marie Cécile (ou Claire Cécile ?)Taberlet
 165/229
née le 21 novembre 1751 à Sélestat* (67)
le 29 avril 1804** à Rorschwihr*** (68)
 fille de Joseph Taberlé (17.. - 1767) 330/458 et de Marie Françoise Pomier (17..- 1774) 331/459
       il épouse   2) le 27 septembre ? 1808 à Rorschwihr*** (68)
Anne Marie Miltenberger
née le . . . (?) le . . .
(?)  
 
Enfants
(au moins
1)

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..)
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Enfants
..)
de Jean François Grosjean et de Cécile Taberlet (nés à Sélestat)
4 ou 5 ? garçons ; sauf l'aîné l'ordre de naissances des suivants est à vérifier) :
Jean François Grosjean (26.11.1774 - 13.03.1835),    82/114 , il épouse en 1803
Marie Madeleine Kœchlin (18.10.1779 - 20.02.1857), 83/115 
. . . Grosjean
Antoine Grosjean (04.11.1778 - 1851), célibataire ****
. . . Grosjean
. . . Grosjean
Mucius Scevola Grosjean (20.09.1794 - 02.12.1844) ****
il épouse le 13.02.1826 Elisabeth Ziegler (1803 - 1886)

de Jean François Grosjean et de Anne Marie Miltenberger (nés à Rorschwihr)
:
Max Grosjean (1808 ? - 18..)
 
     * Schlettstadt, d'après l'orthographe du temps.          ****  Rohrschwyhr.
      ** C'est à dire, officiellement, le 29 germinal an XI.     **** Le nombre d'enfants de Jean François est encore à vérifier.
                                                                                               Une certitude : Mucius Scevola est le dernier né de Cécile Taberlet.
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¤
Joseph François surnommé Jean (ou Jean-François) Grosjean est né dans le diocèse de Genève (et baptisé "in curen Sainti Petri ", précise le curé qui le marie en 1779) en Savoie.
Il vient en Alsace avec une série de savoyards, notamment ses cousins Comte et Plagniat (ou Plagnat), d'Annecy.
Il s'établit à Sélestat où il semble avoir obtenu le droit de bourgeoisie.
Il y ouvre un commerce de soierie, comme beaucoup de ses compatriotes installés en Alsace. Ses affaires prospèrent et il se marie avec une jeune fille de la bourgeoisie de cette ville. Il est possible (à vérifier) que le père de Cécile Taberlet soit aussi marchand (épicier ?) et que le jeune savoyard ait fait sont apprentissage chez celui-ci.

 
¤
Cécile Taberlet est née à Sélestat. Elle est baptisée dans l'église catholique le jour même de sa naissance. Son parrain est un certain François Cavalino, peut-être aussi un savoyard (?), sa marraine, elle, Anna Maria Laugerhart, épouse de Joseph Zäpfell, est bien de la région.
Cécile appartient a une bonne famille et reçoit une éducation soignée et distinguée grâce à une chanoinesse cousine de sa famille.
Cécile a au moins une soeur, Marie Françoise Taberlet*, épouse de Antoine Plagnat.
 
¤ Jean Grosjean et Cécile Taberlet ont au moins 5 garçons.
C'est une famille aisée de Sélestat. Cécile se fait faire son portrait en miniature sur ivoire vers 1780/85**. C'est une très jolie jeune femme. Intelligente et avisée, elle est une aide précieuse pour son mari qu'elle seconde dans son commerce. Maîtresse femme, elle est aimée et respectée par les clients de la maison. On vient la consulter pour toutes sortes de questions difficiles.

 
     * Après 1839, Jean-Jacques Bourcart 40/56 (1801 - 1855) le mari de sa petite-nièce, Climène Grosjean 41/57, (1804 - 1841)
             vient en aide pécuniairement à cette vieille dame et à sa famille Plagnat.
      ** Cette miniature se trouvait vers 1930 chez Madame Marti-Grosjean, à Montbéliard.
  
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¤ Jean Grosjean et Cécile Taberlet accueillent avec joie la Révolution. Ils se rallient dès 1789 aux idées libérales. Ce sont des républicains modérés.
Jean Grosjean est élu maire de Sélestat. Mais les excès de la Conventions et les atrocités commises par les membres des Comités de Salut Public leur font horreur. Comme maire, Jean-François s'y oppose de toutes ses forces.
Ses fils, déjà grands, sont mobilisés les uns après les autres.
C'est probablement vers cette époque que Jean Grosjean s'associe à une entreprise de papeterie de Sainte-Croix-aux-Mines.
En 1794, Cécile Taberlet prend en pitié des nobles et des prêtres proscrits qui fuient pour ne pas être arrêtés comme "suspects". Elle les cache dans sa maison (dans des tonneaux vides de sa cave, dit-on). Elle est alors enceinte et prend, ce faisant, de grands risques si ses protégés venaient à être découverts.
Justement, des Jacobins accusent son mari d'avoir favorisé la fuite d'émigrants. Jean François, soupçonné de complaisances envers des "ci-devants" *, est arrêté et incarcéré. Son arrestation est un telle choc pour Cécile, qu'elle en reste paralysée.
Il aurait été transféré à Paris. Là, Jean Grosjean est traduit devant le tribunal révolutionnaire. Outré par le réquisitoire porté contre lui, il se retourne vers ses juges et leur dit, avec son fort accent savoyard dont il ne s'est jamais défait " Vous êtes tous de la canaille ! ". Il est condamné à mort et enfermé à la Conciergerie en attendant son exécution. Il ne doit son salut qu'à la chute de Robespierre. Il raconte que ce jour-là, les prisonniers se rendant compte qu'il se passe quelque chose d'insolite, essayent de communiquer avec les passants qui déambulent loin en dessous d'eux dans la rue. Une femme s'arrête et leur fait signe, leur montre sa robe, ramasse une pierre et fait semblant de se trancher la tête. Le message est compris et les prisonniers obtiennent d'être libérés**.


 ** 
Terme méprisant employé sous la Terreur pour désigner les nobles, expression reprises  
du jargon juridique de l'époque.

C'est ce que raconte sa belle-fille Madeleine Grojean-Kœchlin à ses petit-enfants.  
Mais il semble étonnant que l'on ait conduit un prisonnier si insignifiant jusqu'à Paris ?
De plus l'histoire de Robe-baisse-pierre se racontait à propos de Joséphine de Beauharnais.
Il y a peut-être amalgame ?
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En 1796, leur fils Jean François arrive à se faire libérer des obligations militaires en arguant de sa qualité de fils aîné et du fait que tous ses frères sont aussi sous les drapeaux.
Depuis l'arrestation de son mari, Cécile est clouée dans un fauteuil, ayant définitivement perdu l'usage de ses jambes.
Malgré cette infirmité, elle reste une femme d'affaire avisée. Elle utilise ses réserves d'assignats, cette nouvelle monnaie mise en circulation qui ne va cesser de se déprécier, pour acheter, près de Sélestat, la grande propriété du général de Wurmser à Rorschwihr (Rohrschwyhr) Ce petit village viticole niché dans le vignoble est situé entre Bergheim et St Hippolyte. Les caves de la maison, construites pour abriter les grandes récoltes de vin renommé, produit dans les environs, sont si vastes que l'on peut y faire entrer des chars attelés de 4 chevaux !
De retour en Alsace, Jean François Grosjean, dégoûté de la politique, vend sa maison de Sélestat et s'installe dans la propriété de Rorschwihr où il achète des vignes.

¤ En 1803, Cécile Taberlet reçoit en grande pompe sa jeune belle-fille Madeleine Koechlin. Cette dernière, qui a grandi à Mulhouse, austère petite ville protestante dont les ordonnances limitent la pompe et l'ostentation, est très impressionnée par la splendide vaisselle d'argent, tout le luxe de la table. La jeune femme est comblée de cadeaux par sa belle-mère : étoffes de prix, bas de soie ... en effet Cécile veut que sa bru soit à la hauteur de la société huppée qu'elle a invitée pour la présenter.
Mais il s'agit des derniers feux d'une fortune de plus en plus écornée par son époux et sa ménagère.

¤ Après le décès de son épouse en 1804, Jean régularise une liaison de longue date et se remarie avec sa gouvernante, Anne Marie Miltenberger dont il a un fils, Max.

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Il accepte de reprendre une fonction politique et devient maire de Rohrschwihr vers 1808.
Mais depuis longtemps Jean Grosjean est un amoureux du jeu. Déjà à l'époque où il allait visiter les foires pour son commerce de foire, il aimait s'arrêter pour jouer. La vieillesse venant, il continue à fréquenter les nobles du pays à Ollwiller et ailleurs pour s'adonner au jeu. Ce qui lui fait perdre peu à peu la plus grande partie de sa fortune.
A sa mort, sa belle propriété est grevée de dettes, notamment auprès de créanciers bâlois que ses fils mirent longtemps à rembourser.
Pour éteindre complètement les dettes, ils finissent par vendre la grande maison de Rohschwihr et les terres qui en dépendent.










Sources : traditions orales   
Jacques Henry Gros (notes de son grand père A. Bourcart, transcrivant des informations transmises par Cécile Hofer-Grosjean)   
Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, p. 1296 aticle Grojean, par J.-M. Schmitt   
Charles Daniel Bourcart (1860-1940) "Notices historiques […] sur la famille Bourcart", 1927-1930 (manuscrit) 
 
04/2003
 
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