SB - VI.86.M  
Jakob (Jean Jacques) Volmar 150/214
  né ou baptisé vers 1734 à Colmar ? (68) le 28 juin 1818 ?? à Roedelbach (CH) 
fils de Georg Michel Volmar ( 1706 - 1785) 300/428 et de Anna Maria Heidenreich ( ... - <1736) 301/429
il épouse le 27 juin 1757 à Zürich (CH)
Susanna (Marie Suzanne) Volmar 151/215
??
  née avant 1740 à . . . ? (CH)
. . . ? à Colmar ? (68)
fille de Jakob Volmar (1734 - 1818) ??  
 
Enfants
    (au moins 5, l'ordre des naissances est donné approximativement) :
1)


2)
 
3)
 
4)
 
5)

 
 
Marie Elisabeth Volmar (. . . 1762 - . . . ~1829), a ?, elle épouse
1) Isaac Hang (17.. -1…)
2) Ignace Geigentvesch (17.. -1…)
Marie Catherine Volmar (17.. - . . 1...), b ?
elle épouse Portais Rauch (17.. - . . 1…)

Anne Suzanne Volmar
(~.1766 - . . 18..), 75/107 , elle épouse
le 15.02.1818 Frantz Mengis (~1762 - 13.12.1842) 74/106
Jean Guillaume Volmar (1773 - 03.05.1828), d ?,
il épouse le 03.06.1807 Marie Madeleine Harder (17.. - 18..)
Marie Madeleine (Anne ?) Volmar (~1774 - . . 1823), e
?
elle épouse avant 1799 Jean Daniel Gaebel

 
¤ Jean Jacques Volmar (ou Vollmar) est né, semble-t-il, à Colmar.
Sa famille étant originaire de Suisse alémanique, il est probable qu'on l'appelle Jakob à la maison. Son père Georg Michel est d'une famille de bourreaux, mais Colmar n'est alors encore qu'une étape dans sa carrière. Ses enfants naissent donc dans des lieux différents et connaissent probablement une enfance nomade jusqu'à ce que leur père obtienne la charge de bourreau de Colmar en 1747.
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¤
Comme fils de l'exécuteur des hautes œuvres, Jakob n'a pas beaucoup le choix. Il deviendra bourreau comme son père. Il est vraisemblable qu'il apprenne le métier auprès de son père et de son frère Georg Friedrich, aide bourreau. Il quitte probablement Colmar avant 1754, date à laquelle de son frère reprend la charge paternelle. Peut-être rejoint-il son oncle paternel, Jakob Volmar, bourreau à Zürich ?
 
¤Vu l'exclusion sociale et la crainte qu'inspire les bourreaux, il ne peut choisir une épouse que dans les familles exerçant cette profession. Il ne cherche pas bien loin puisqu'il épouse en 1757 sa cousine germaine, Susanna Volmar. Un pasteur protestant bénit leur union à Zürich.
 
¤
Jakob et Susanna ont au moins 5 enfants. Pour la naissance de leur fils Jean Guillaume, Susanna Volmar est à Zoëttelm, près de Bâle. Est-elle venue visiter de la famille ? Son grand-père paternel (qui est aussi celui de son mari), était bourgeois de Bâle.
 
¤Jakob (ou Jacques, dans les actes en français, puisque Colmar est le siège de l'administration française et de l'intendance) Volmar, reprend donc l'office de bourreau de la ville de Colmar, devenue héréditaire en 1764, succédant à son frère Geog Friedrich. Son père et sa belle mère sont encore en vie, et il est probable qu'ils habitent ensemble dans la maison bâtie à l'extrémité de la rue des Unterlinden, à côté des remparts.
 
¤
Comme exécuteur de haute justice de la ville, Jacques Volmar jouit donc de la maison qu'il occupe avec sa famille, de 4 journaux de prés, 4 "Schatz" de vignes. Il reçoit pour son chauffage et l'usage domestique (le cuisine se fait aussi au bois) 4 cordes de bois et 150 fagots.
Sa rémunération en argent comprend une rente annuelle de 6 livres, 6sols et 8 deniers et des primes suivant ses interventions :
 
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Le tarif en est fixé à l'avance :                
 pour rouer  
 pour brûler  
 pour pendre  
 pour traîner sur la claye  
 pour l'amende honorable  
 pour exposer sur la roue  
 pour dépendre et exposer  
 pour la question extraordinaire  
 pour l'appliquer au carcan,  
        fouet et marque  
 pour percer la langue  
 pour exécuter en effigie  
 pour couper le poing  
 pour lacérer et brûler  
 pour marquer un galérien  
pour l'application simple au  carcan  
 pour la question ordinaire 
 pour jeter les cendres au vent  
 pour enterrer  
 pour visiter les épaules  
60 livres
30 livres
60 livres
25 livres
 (mettre un cadavre sur une claie et la traîner à travers la ville en signe d'infamie)
15 livres
 (accompagner un condamné devant s'agenouiller un cierge à la main…)
15 livres
 (déposer un corps sur la roue en signe d'infamie)
15 livres 
(idem, après l'avoir descendu du gibet)
15 livres
 (soumettre un prisonnier à la torture)
15 livres  
15 livres
 (exposer au pilori, fouetter et marquer au fer rouge)
15 livres
15 livres
15 livres
15 livres
 (il s'agit de sévices et non de mise à mort)
19 livres
19 livres
 (mise au pilori)
17 livres
 (soumettre un prisonnier à la torture)
16 livres
13 livres
13 livres

L'énumération fait frémir.
Le rôle de ces condamnations est exemplaire, justement : pour faire peur et dissuader. La honte, l'opprobre est une peine à part entière qui peut même être appliquée à des morts qui sont alors privés de sépulture, châtiment suprême…
Il ne faut pas voir dans le bourreau un sadique, pas plus que ne l'est un boucher. Cependant on comprend la crainte et la répulsion que suscite ce métier et celui qui le pratique, et cela explique l'ostracisme dont il est frappé de même que sa famille…

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P
uisque toutes les cours de justices des bailliages et villages avoisinants n'entretiennent pas un bourreau à l'année, le même tarif leur est demandé quand le bourreau de Colmar est requis pour exécuter une condamnation.
 
¤
Comme tous les bourreaux, Jacques Volmar fait office d'équarisseur. Il récupère tout ce qui est récupérable sur les bêtes malades, mortes ou charognes impropres à la consommation, en particulier les peaux. En 1783 Jacques Volmar demande "du bois pour reconstruire le grenier où sont séchées les peaux des bêtes abattues".
 
 *
Devenue obsolète
    avec la mise en place
    de la guillotine,
    cette lourde épée est
    aujourd'hui conservée 
    au musée de Colmar.   
Il a la charge de l'entretien du matériel nécessaire à son office.
Il conserve chez lui le glaive de Justice*.

Il entrepose dans une remise la potence et les échelles. Une curieuse plainte de 1785 montre qu'un voisin a pratiqué une ouverture donnant sur le local et maître Volmar en réclame la fermeture…
  
¤
Le métier de bourreau demande une excellente forme physique.
Il faudrait feuilleter les archives judiciaires pour savoir combien de fois il a officié durant sa carrière.
En 1806, il a environ 68 ans, il se démet de ses fonctions en faveur de son fils Guillaume qui est son aide bourreau depuis 7 ans.

Depuis la révolution, le citoyen Volmar est devenu un Français comme les autres, mais qui garde certainement des liens avec sa parenté suisse. Jacques alias Jacob Volmar décède à Rœdelbach douze ans plus tard en 1818.


Sources :   
'Dictionnaire historique et anecdotique des bourreaux', pp. 302-303   
Cl. Spiecker et J.-Cl. Winnlen, 'Le tribunal criminel du Ht-Rhin à Colmar [...] 1793-1799'   
in Annuaire de la Soc. d'hist. et d'Archéo. de Colmar, 1994, pp. 111-132  
08/2005 

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