fiche0070
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VI.7.M     Voir aussi : arbre Gaston Damade et les ancêtres de l'Hyrondelle,
                                   Izabeau, Marion, Marguerite et Jeanne Damade
Pour IMPRIMER cette fiche...
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E
stienne Damade, sieur de Laroque 134/198
né à Lamothe-Montravel ? (24)
vers juin 1784 (?)
fils de Izaac Damade (<1679-<1728) 268/396
et de Marie Doucet (1...->1736) 269/397
épouse "au désert"
contrat de mariage du 27 janvier 1763, à Bonneville
(24)

Jeanne (de) Métivier
135/199
avant 1784
fille de Jean Métivier (1...->1763) 270=264/398=392 et de Marthe Dudillot (1...-<1784) 271=265/399=393
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  Enfant : (peut-être une fille unique ?)
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Enfant) 1
) Françoise dite Marie Damade (20.11.1764 - >1812) 67/105
Enfant) 1) épouse le 23.02.1783 Pierre (de) Métivier 66/98
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¤ Etienne (ou Estienne) Damade-Laroque habite hameau des Mathelins, paroisse de.Lamothe.

¤ Quand Etienne se marie, cela fait plusieurs années qu'il gère ses propriétés lui-même. Son père, en effet, est mort plus de 26 ans auparavant, vers 1736. Certains de.ses biens dépendent de seigneuries et sont soumis à droits seigneuriaux.
C'est ainsi qu'il lui faut à certaines occasions en reconnaître la nature.

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Vieille maison renaissance
à St-Antoine-de-Breuilh,
à côté du temple protestant.
( juillet 2001)
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** Emphytéose : C'est à dire
.... une sorte de location sans
.... limite de durée qui équivaut
.... presque à une propriété
.... puisqu'elle est transférable
.... à ses héritiers, moyennant
.... un versement annuel et
.... modique souvent payer en
.... nature. On parle aussi de
.... "tenenent" dans la région.

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Ailleurs on emploie plus
.... couramment le mot "tenure".
** Voici un exemple de vraie
.... noblesse. On les qualifie de
.... «Dame et de Messire». Notre
.... Etienne n'est que «Sieur»
.... de Laroque et sa mère,
.... «Demoiselle».
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C'est ce qu'il fait le 7 septembre 1750, en se présentant devant le notaire
royal.du bourg de St Antoine (aujourd'hui St-Antoine-de-Breuilh), paroisse de St.Aulaye. St Antoine se trouve dans la plaine. Il lui a donc fallu parcourir une.bonne quinzaine de kilométres, depuis les Mathelins, pour s'y rendre.

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Là, il a "volontairement reconnu et confessé tenir en fief et emphytéose" * de.dame Henriette Judith Depuch, épouse de messire Henri Jacques Depuch chevalier, seigneur de Monbreton, le Carbon, le Puch de Gensac et autres lieux, "le tenement appelé Virolle-Fonladan".
Dame Henriette Judith Depuch possède ces droits au nom de son aïeul maternel, Messire Pierre de Segur de Putraÿ, écuyer **, seigneur de la maison noble de Lamothe de Pras.
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Le 1er hameau, Virolles,
.... surplombe la Lidoire et le
.... 2e se trouve au pied du relief,
.... au bord de la grande plaine où
.... jadis, en 1453, les armées de
.... Talbot rencontrèrent les armées
.... du roi de France dans la célèbre
.... bataille de Castillon

 

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C
ette terre de Virolle-Fonladan se trouve au sud-ouest des Mathelins, au bord du plateau*. Elle comprend une espèce de grange au hameau de Fonladan, son jardin, des champs, des vergers et des prés. Le cens et rente foncière de cette propriété est de 6 picotins de froments moins 1/16, même chose de seigle et de 2 sols 9 demiers en argent.
Conformément aux usages issus du Moyen-Age, les céréales (on dit alors les "bleds") doivent être livrées chaque année en septembre, le jour de la Saint Michel et l'argent versé à Noël, le tout à la maison noble de Lamothe du Pras.

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P
our garder en ordre ses affaires, et celles de ses sœurs, par rapport aux différents cens qu'il est amené à payer à droite et à gauche, Etienne tient des comptes. L'un de ces livres de comptes, ou plutôt cahier, est parvenu jusqu'à nous. Il concerne la période de 1774 à 1783. Les "tenements" y sont soigneusement énumérés : Puicharques, Boscq du Carrod, le Petit Carquaneuil, Michel Rey par Leune, Grenganeuille, Detournier ou Marot, Bourdin ou Rattaux, Mathelin, des Audoyers ou Bardit, Darmore ou Laforet... Il.est plus ou moins aisé de retrouver derrière l'orthographe de l'époque les toponymes actuels. En face des "tenements" figure le cens dû : froment, seigle, gélines ou chapon (poulette ou coquelet castré et engraissé), ou somme d'argent... Il semble que dans la plupart des cas, les Damade aient chargé leurs métayers de payer directement ces cens.

¤ Jeanne Métivier (appelé dans certains textes "de Métivier"**) habite dans le village de Bonneville, sur l'autre rive de la Dordogne, en amont, à quelques km à vol d'oiseau. Ses parents font partis des notables du bourg.

** Il est vrai que l'un des ses aïeuls
.... a été anobli par Henri IV.

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Pour se distinguer des nombreux autres Métivier, son père est dit "Métivier de Mazoran"..

¤ Estienne Damade et Jeanne Métivier se retrouvent le 27 janvier 1763 dans la maison paternelle de Jeanne avec le notaire royal Boyer (de Flaujague ?) et de nombreux parents, pour signer leur contrat de mariage. Etienne est un homme mûr. Et Jeanne ne doit plus être une toute jeune fille. Les épousailles sont alors souvent tardives chez les Protestants. Sont présents deux des frères et sœur de la fiancée, Jean, dit de Verthamon et Marie Métivier, une sœur du fiancé, Marie Damade et de divers témoins : le laboureur Pierre Lapeyronnie et le tonnelier Pierre Berrange, les deux de Bonneville. L'acte est signé :
Laroque Damade [le fiancé], Jeanne Métivier [sa fiancée],
Marie Damade [sœur du fiancé], Métivier Verthamon [frère de la fiancée],
et Thérèse Métivier [alias Marie ?; la sœur du fiancée] et Borie notaire royal.
Marthe Dudillot n'a pas signé, car elle ne sait pas écrire contrairement à sa fille.
Les futurs époux se marient sous le régime de la communauté de biens réduite à la moitié des acquêts. Jeanne reçoit en dote 3 000 livres, à percevoir après le décès de ses parents. Mais sa mère s'engage à lui verser sur cette somme des intérêts, une petite pension de 100 # par an. Ses parents lui offrent aussi, entre autres, un "chalit" en bois de noyer foncé, garni de "cadis" (tissus d'un tissage particulier courant à l'époque) de couleur verte et bordé d'un ruban, un lit avec son traversin rempli de plumes d'oie, un "demi-cabinet" de noyer à une porte et un tiroir "ferré et fermant à clé", ainsi qu'un trousseau : 16 draps (appelés alors encore du vieux mot 'linceult") moitié de grosse toile, moitié de toile fine, 6 nappes ouvragées, 6 douzaines de serviettes dont 1/3 en lin, 1/3 de moyenne et le reste de grosse toile, 48 essuie-mains...

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** Très rapidement, d'ailleurs,
.... les édits royaux proclameront
.... qu'un contrat de mariage
.... devant notaire ne constitue pas
.... une preuve de mariage, mais
.... seulement une promesse
.... qu'il faut valider par une
.... cérémonie religieuse présidée
.... par un prêtre catholique romain. .
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voir certificat de baptême
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de leur fille Marie

 

¤ Le contrat de mariage est une façon détournée de faire enregistrer un acte légal prouvant le désir de se marier, et de se contenter de celui-ci comme preuve de mariage *. Les Protestants usent de cette astuce pour se marier sans avoir à participer hypocritement à une messe. En effet Etienne et Jeanne veulent rester fidèles à la foi huguenote. Bravant les édits et risquant de se voir traités en concubins, ils choisissent de faire bénir leur union par un pasteur itinérant, lors d'un rassemblement illégal, "au désert" comme on dit. En effet le culte réformé est interdit depuis la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Ces prêches ont lieu clandestinement dans des endroits écartés, d'où l'appellation de "au désert".
En fait l'église protestante de Montravel se reconstitue au milieu du XVIIIe. Les "assemblées" se multiplient. Certaines sont connues : à St Seurin de Prats en 1749, Pessac (sur Dordogne) en 1752, Montcaret en 1754... L'Etat réagit en envoyant deux régiments à Pessac sur Dordogne en octobre 1757 et en rassemblant tous les enfants huguenots de moins de trois ans à l'église catholique pour les y baptiser de force. Le colloque des Eglises (protestantes) du Périgord, qui se tient en février 1765, réorganise le quartier de Montravel, y incluant Juillac, Gensac, Le Fleix, Castillon et La Roche-Chalais. Des pasteurs viennent prendre la tête du troupeau dispersé : Gibert, Picart, Renouleau et Renateau. Le pasteur Jérémie de Bécays tient même, à partir de 1767, un registre de baptêmes et mariages !
Dans ces années-là, les protestants se réunissent souvent dans une grange du sieur Benoît, peut-être à Fonroque** où cette famille possède du bien. C'est presque de notoriété publique, puisque le curé, l'abbé Pelpeyrat, est au courant en 1771.
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** Fonroque : lieu dit situé sur le
.... plateau, à 1 km à vol d'oiseau
.... au Nord Ouest de Montcaret,
.... à 4 km des Mathelins. Mais une
.... autre tradition place cette grange
.... à Grangeneuve, à l'emplacement
.... actuel du temple réformé
.... de Moncaret.
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** Marie Damade rédige
.... son testament en 1773,
.... et celui-ci est "insinué"
.... ou "intimé" (ou vitimé ?)
.... le 21 février 1783, ce qui
.... semble vouloir dire qu'il a
.... été ouvert à cette date.

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E
n effet des ouvriers sont surpris en train de réparer le bâtiment, et surtout d'y pratiquer des ouvertures pour faire des fenêtres ! Le tribunal de Bordeaux, saisi de l'affaire, condamne la grange à être rasée. Ce qui n'est que partiellement fait.
Mais les pasteurs restent essentiellement nomades. Officiellement les assemblées restent interdites et s'y rendre, c'est encourir les galères pour les hommes et la prison pour les femmes. En réalité, le culte est de plus en plus toléré, s'il reste de dimension familiale et discréte.

¤ Il semble que l'union de Estienne et Jeanne soit de courte durée. Bien que l'on ignore la date du décès de Jeanne, celui-ci a dû survenir assez vite. En effet, il semble qu'ils n'aient eu qu'une fille unique, qu'ils prénomment Marie. Le 20 novembre 1764, l'enfant est baptisée "sous condition" à l'église paroissiale de Lamothe. Il est probable qu'il s'agisse d'un baptême imposé. D'ailleurs le curé inscrit comme prénom pour l'enfant Françoise, (celui de la marraine), et non Marie.
Trois sœurs d'Estienne Damade partagent sa maison depuis des années : Marie (peut-être celle qui fut témoin de son mariage), Izabeau et Jeanne. Elles entourent de leur affection la fillette dont elles font leur héritière.

¤ Le 7 janvier 1784, Estienne Damade fait venir aux Mathelins le notaire royal Borie pour lui dicter son testament. Il n'est pourtant pas malade, mais ce sont des choses qui se font. Car il est déjà alors assez âgé et il a des problèmes de vue. Une de ses soeurs, Marie, est probablement décédée l'année précédente *. Mais surtout sa fille va ou vient de se marier. Son contrat de mariage est déjà signé (le 23 février 1783). Il.est donc temps, pour Etienne, de revoir ses dispositions testamentaires.
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Il fait des dons en faveurs des pauvres, une rente de 100 # par an à Anne Delage, la fidèle servante qui prend soin de lui depuis des années. Il lui accorde aussi la jouissance d'une petite maison de deux chambres et du jardin qui va avec, ainsi qu'un pré et une vigne. Comme ses sœurs, il inclut, parmi les bénéficiaires de ses legs, la famille Lonjaigues en la personne de Pierre l'aîné et de Joseph son frère, ainsi que Marie Lonjaigne épouse de Mathieu Vigouroux.
Pour le reste il institue comme sa légatrice universelle sa fille unique, Marie Françoise Damade. Etienne ne peut pas signer ce texte, il n'y voit plus assez.
Le double qui lui est remis est copié sur parchemin. Comme en leur temps pour ses sœurs, c'est de nouveau l'occasion d'exprimer de manière précise mais discrète sa foi : il recommande premièrement «.son corps et son âme à Dieu, Père, Fils et St Esprit »*...
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¤ Estienne Damade et Jeanne Métivier décèdent avant la majorité de Marie. Le.testament est contrôlé et insinué le 21 juin 1784 à Castillon, est-ce parce qu'Estienne vient de mourir ? Ou parce que sa fille va bientôt être majeure ? En.effet, Marie Damade, âgée de 20 ans, est obligée de s'adresser au Parlement de Bordeaux pour réclamer que lui soit rendue la gestion de ses biens et pouvoir d'administrer directement son héritage encore sous tutelle.
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** Cette affirmation, qui
.... ne contredit en rien les
.... principes de l'église officielle,
.... est quand même très différente
.... de celle que l'on trouve à cette
.... époque dans les testaments
.... catholiques.
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... Voir aussi :. VI.7.Mm
... 135/199dfgh
Sources : : archives familiales (Pignon)
[testaments de Marguerite Damade (1765), de Marie et de Jeanne Damade (1773), contrat de mariage (1763),
testament d'Estienne Damade (1759) correspondance, reçus et pièces diverses (XVIIIe) ]
A. de Brianson 'Essai sur l'histoire de l'église réformée de Montcaret', mise à jours 1997
A. de Brianson 'L'Etat-Civil protestant de Montravel, 1767-1788 '
in Soc. de l'hist. du Protest. dans la vallée de la Dordogne, bulletin n°2, 2000, pp.21-24 - 09/2002
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Geo                                      

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