SB - IV.30.F | |||
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Cécile
Bourcrart et Théodore Frey.
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Enfants (tous nés à Guebwiller) : | |||
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Emilie Cécile Frey (12.08.1852 - 04.09.1933)
a elle épouse le 04.08.1877 André Scheurer (18.12.1846 - 07.11.1937) 2) Mathilde Laure Frey (18.12.1853 - 26.08.1935, Mulhouse) 23/31 elle épouse le 12.07.1875 à Guebwiller Edouard Doll (15.04.1846 - 06.04.1896) 22/30 3) Albert Théodore Frey (26.10.1855 - 31.07.1923) c il épouse le 26.10.1886 Fanny Riff (24.05.1858 - 28.02.1941) 4) Ernest Paul Frey (17.08.1857 - 31.10.1918) d il épouse le 22.05.1886 Laure Steiner (21.03.1867 - 11.09.1952). |
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¤ Theodore Frey est citoyen suisse. Il est né à Schaffhousen (Schaffhouse), petite ville helvétique des bords du lac de Constance. Poussé par son père, il suit l'exemple de ses cousins et de son frère aîné. Il quitte sa patrie pour venir s'installer en Alsace, où l'industrie textile poursuit depuis quelques décennies son essor. Par sa famille, il a des capitaux. Son père et son oncle Heinrich sont banquiers et commanditent plusieurs entreprises. Ils ont investi en 1835 dans l'affaire Greuter-Witz, manufacture d'Indienne anciennement connue sous le nom de "Ziegler, Greuter et Cie" de Cernay, affaiblie par le départ des Ziegler ruinés par la crise de 1828. L'entreprise vient de se remonter à Guebwiller. C'est pour les deux hommes d'affaire l'occasion de placer leurs rejetons : Quatre jeunes gens de la famille Frey sont donc envoyés en Alsace : Henri (1813-1884) et Robert (1825-1891), fils de Heinrich et deux de leurs cousins germains, Ferdinand (1817-1873) et notre Theodore, fils de Bernhard. Ils font leurs premières armes dans la manufacture rebaptisée "Witz-Greuter-Frey", puis "Frey-Witz", après le départ des Greuter. On y imprime des indiennes, mais aussi on y file et tisse le coton. C'est ainsi que nos jeunes Suisses découvrent toutes les ficelles du métier de manufacturiers. ¤Theodore (ou plutôt Théodore, maintenant qu'il s'est installé en France) s'associe avec son frère Ferdinand, pour fonder leur propre filature. Ils s'installent en 1853 à l'entrée de la vallée de Guebwiller, sur la route d'Issenheim, sur les bords de la Lauch. Leur manufacture prend le nom de F. & Th. Frey et comprend une filature et un tissage de coton et de laine. |
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Les liens entre la famille Witz et les Frey restent très étroits, puisque trois des Frey épousent les trois demoiselles Witz. Mais Théodore est tombé sous le charme d'une autre charmante fille d'industriel, Cécile Bourcart. ¤ Cécile Bourcart est l'un des nombreux enfants de Jean-Jacques Bourcart. Elle grandit à Guebwiller, où son père possède de florissants ateliers de tissages Théodore et Cécile se marient en 1851. Pour leur voyage de noces, pratique encore rare à l'époque et réservée à une élite, Théodore et Cécile partent en Italie. Au milieu du XIXe siècle, un tel voyage est encore toute une équipée. Forts des conseils du "Guide du voyageur de France", ils se rendent à Belfort pour y louer une voiture jusqu'à Châlon. Première halte à Besançon où l'hôtel de France leur réserve, d'après Théodore, un "accueil détestable". De là ils s'embarquent sur un bateau à vapeur où le déjeuner, le dîner et la nuit à bord charment les deux jeunes mariés qui se trouvent aussi bien logés que dans les meilleurs hôtels. Le voyage continue vers le Sud : Valence, Arles. Avec le midi, ils découvrent les oranges, les glaces. Il faut alors quitter la voie d'eau pour reprendre la diligence vers Marseille et acheter "in extremis" une carte d'Italie et un dictionnaire Franco-Italien. La malle poste les conduit, toujours dans les cahots et la poussière, à Toulon... En Italie, curiosités techniques et culturelles vont de pair pour ce jeune couple de familles d'industriels : visite d'une filature à Ronqui, mais aussi de Pavie, Milan (son dôme, son amphithéâtre et son cirque olympique). A Gênes, ils s'embarquent vers les îles... |
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Mme
Théodore Frey |
Pour le retour, ils passent par le St Gothard, achètent quelques cristaux, traversent le lac de Zurich dans un confortable bateau à vapeur, montent au Rigi à cheval... Par les comptes de leurs dépenses que tient minutieusement Théodore on sait que leur voyage leur coûte 1.910 francs et 95 centimes. Les derniers achats de souvenirs sont 22 vues de paysages suisses (pour 18 sous) des figurines de bois, un couteau (suisse évidement) et une paire de ciseaux. Que de choses à raconter quand ils débarquent à Schaffhouse chez le frère de Théodore ! Théodore et Cécile de retour en Alsace s'installent à proximité des usines Frey, construites dans le quartier dit "Grun" (?). ¤ Les Frey gardent des liens étroits avec Schaffhouse. Ils s'y retrouvent souvent, ce qui donne d'impressionnantes rencontres familiales, car ils sont nombreux, et viennent de partout. L'un d'eux, chimiste de formation, a fondé une fabrique d'Indienne à St Pétersbourg. Un autre a fait de même à Barcelone. Un troisième s'est installé au Brésil où il dirige une manufacture de tabac... ¤ Théodore et Cécile forment un couple heureux et comblé. Les affaires sont prospères. La bonne société du Florival (vallée de Guebwiller) est vivante et accueillante. Trois beaux enfants viennent égailler la maison : Emilie en 1852, Mathilde en 1853 et Albert en 1855. Mais la naissance du quatrième, Ernest, en 1857, est difficile et Cécile, malgré tous les soins dont elle est entourée, meurt un mois plus tard. |
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Théodore Frey photogr. Maison Ad. Braun & Cie, Dornach, Alsace, cliché n° 9876 |
C'est un rude coup pour Théodore. Ses belles-surs Bourcart, les épouses de Charles et Henry, essayent de remplacer auprès des jeunes orphelins la maman trop tôt disparue. Théodore Frey engage comme gouvernante pour ses enfants Sidonie Giseler, fille d'un théologien de Goettingen, qui avait été précédemment gouvernante de la famille Portalès, à la Robertsau. Il confie plus tard le poste de directrice de sa maison à une demoiselle Thierry, de Mulhouse. ¤ Théodore Frey s'investit à fond dans l'entreprise qu'il a fondée avec son frère Ferdinand. Les bâtiments de l'usine qui abrite les machines de tissages de coton et de laine et de filatures s'étendent entre la route d'Issenheim et la rivière de la Lauch. Le chemin de fer et la gare de Guebwiller se trouvent à proximité. La voie ferrée passe d'ailleurs à proximité du mur qui clôture la propriété dans lequel il a fait planter de beaux arbres ornementaux. En 1881, il fait complètement reconstruire sa maison, édifiant une majestueuse maison bourgeoise, en face de l'usine et de la route départementale 430 *. * Il s'agit de la route d'Issenheim. La maison de Théodore Frey est devenue celle de Marcel Frey et son épouse Jeanne qui ont réaménagé le 1er à leur usage et laissé le rez-de-chaussée à André Frey, qui l'a occupé jusqu'à sa mort. Elle est passée par la suite à Bernard Frey, 3e fils d'André. Elle a été vendue à un promoteur et démolie vers 1980 |
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Maison
de Théodore Frey,
à Guebwiller, façade est, vers 1881-1882. L'Usine Frey se trouve sur la droite, de l'autre côté de la route d'Issenheim. |
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En 1945, l'usine est modernisée par Marcel Frey. C'est l'apogée de l'entreprise qui distribue ses bénéfices aux nombreux actionnaires de la maison qui sont pour la plupart des descendants de Ferdinand et de Théodore. Mais les années fastes du textile alsacien sont terminées. En 1960 les ateliers de tissage ferment leurs portes. Neuf ans après, pour sauver l'usine, une fusion est organisée avec l'Union Textile. La nouvelle entreprise s'appelle "les Filatures du Florival", dont la bonne qualité des produits assure la bonne marche des commandes. Pour faciliter la fabrication, l'atelier de retordage est transféré dans d'anciens locaux de tissage désaffectés du centre ville. En 1978 la filature et la retorderie sont à leur tour arrêtées. Il y a de moins en moins d'entreprises textiles en Alsace. Les habitants de Guebwiller voient avec tristesse en 1991 l'arrêt et la fermeture définitive des "Filatures du Florival". |
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Sources : archives familiales, traditions orales Monique de Ferrière-Schoen ; Elisabeth Peyer-Hertzog, Rudolf, Michel et Marcel Frey ,La famille Frey de Schaffhouse et sa descendance1746-1967 ... Bourcart, ... Finiel, La Famille Bourcart; Clarisse Schlumberger 'Schlumberger racines et paysages, 1997, pp. 161-164 Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, p. 1033 Exposition du 17 et 18 sept. 2000 au musée du Florival sur les usines textiles de la vallée. Julien Schweizer Prés., 'Deux siècles d'industrie textile dans le florival', 2001, p. 41-42 André Théodore Scheurer-Kiener 'Chronique de ma famille', 1942, dactylographié en 2004 par Bernard Scheurer. 03/2005 |
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