¤ Le sieur Raffeneau est un riche marchand de bois de Paris.
 

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¤ Il épouse une demoiselle Gagneux, native de Bourgogne, cette région dont les forêts font sa fortune.
Le frère de cette dernière est chanoine à la cathédrale d'Auxerre. Prêtre réfractaire*, sous la Révolution, il est arrêté et déporté vers Sinamary, en Guyanne. Il meurt durant le trajet, noyé dans la cale du vaisseau qui le transporte avec plusieurs de ses compagnons d'infortunes.
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¤ Ils ont trois filles aussi jolies les une que les autres, surnommées, à cause de leur beauté, «les Trois Grâces». Et bien que bourgeois, ils peuvent espérer de beaux mariages pour leurs enfants.
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¤ Leurs filles fréquentent les salons parisiens. La Princesse de Craon, mère du chevalier de Bouffers, prend Félicité 181/245 en affection. Elle s'occupe de la jeune fille comme si celle-ci était sa propre enfant. Elle lui apprend à se tenir dans le beau monde, à aimer les belles choses et à vivre avec aisance dans le luxe et la facilité.
 
L'aînée des demoiselles Raffeneau épouse un médecin-chef de la compagnie des Gardes du Corps (est-il un roturier comme elle ?), mais les deux autres entrent dans des familles de petite noblesse. Leurs maris doivent apprécier les dotes conséquentes des jeunes filles. De plus, leurs charmes rendent l'alliance attrayante.
 

Rue de Seine
au début du XXIe siècle

d'après Wanadoo Map
Photo Visioncity,

¤ Monsieur Raffeneau doit son aisance et sa prospérité au commerce du bois.
L'approvisionnement de la capitale en combustible, essentiellement des bûches de bois, se fait en grande partie par voie d'eau, par la Seine ou son affluent, l'Yonne.
Il est difficile de nos jours d'imaginer le fonctionnement du transport de ce combustible essentiel de ce temps et devenu si rare à Paris au XXIe siècle .

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Ce bois provient essentiellement des forêts du Morvan qui sont exploitées depuis des siècles. Il est flotté jusqu'à Paris. La descente, acrobatique à cause du passage de nombreuses écluses (pertuis) et de ponts dure 4 à 5 jours selon le flot. En effet, on profite, pour le voyage, des crues de printemps, améliorées par les lâchages d'eaux retenues dans des barrages.

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Ce flottage du bois depuis la région de Clamecy se poursuit jusqu'au XIXe siècle. C'est tout un art de constituer puis de conduire jusqu'à Paris ces immenses radeaux de bois finalement livrés à bon port sur les quais.

2.
De 70 à 75 mètres de long pour 4 à 5 de larges, ces radeaux sont constitués de bûches liées en "branches" par une armature souple de longues perches d'orme ou de charme. Ils sont menés avec dextérité par une poignée d'hommes vigoureux et courageux, pour un modeste gain.
 


 

 
 
** Ces qualificatifs sont ceux
.... que lui donne postérieurement
.... son petit-fils Auguste
.... de Sarrauton 90/122.
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** .A peu près le costume
.... de Pernelle de Tartuffe
.... (dixit Auguste dans ses
.... "Souvenirs...") .

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¤ Monsieur Rafeneau, cet opulent bourgois, meurt frappé par une attaque d'apoplexie foudroyante.

¤ Sa veuve, faible, ignorante et dévote*, dilapide plus de 50 000 livres dans les trois années qui suivent son veuvage, qu'elle distribue généreusement à des œuvres pieuses et à des prêtres... Son petit-fils Auguste.de Sarrauton 90/122 la décrit comme une "grande et belle femme, pâle, mélancolique et tellement sévère" que sa propre fille la craignait, "un vrai croque-mitaine", "toujours vêtue de noir" **.
Elle habite à la fin de sa vie "une maison sombre, grillée et verrouillée" qui fait à son petit-fils, Auguste de Sarrauton, "l'effet d'une prison". Elle finit ses jours à Issoudun chez sa fille, Mme Faguer, chez qui elle meurt âgée de plus de 80 ans.

¤ Monsieur Raffeneau a un cousin germain, dit Raffeneau de L'Isle, notaire à.Paris. Il s'agit sûrement de Pierre Victor Raffeneau de Lile, qui tient l'étude n°.XXI du minutier de Paris, de juillet 1767 à mai 1799 (prairial an VII) et officie dans le quartier de Montmartre. Il avait pris la succession de maître Joseph Rabouine, en poste depuis 1722 et sera remplacé par Maître Pierre Joseph Emmanuel Tissandier. Les plus anciennes minutes conservées dans cette étude remontent à 1522 !

D'autre Raffeneau apparaissent dans les archives conservées aux Archives Nationales.

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 ** C'est à dire qu'Izaac
...... est déjà décédé lors
...... du mariage de son fils
...... en 1684...

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*** Ce qui vaut à cet acte
...... perdu au milieu des autres
...... d'être relevé dans le fichier
...... du " CARAN." (Centre
...... d'Accueil et de Recherche
...... des Archives Nationales).
...... La référence donnée est
...... "inventaire CV 905".

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*** Appellation donnée à la fin
..du XVIIe aux Protestants français
. ayant acceptés d'abjurer.

Comme le sieur Raffeneau loge chez Mme de Maintenon à Versailles, des membres de la famille royale et Madame de Maintenon elle-même signent son contrat de mariage **.

Si cet Elie est le père de Pierre Victor, alors Izaac doit aussi être le grand-père de notre sieur Raffeneau, marchand de bois. Il est possible aussi qu'Elie soit le grand-père du premier, et alors aussi du second...

Les prénoms de ces deux personnes peuvent laisser penser que la famille Raffeneau a adhéré à la Réforme et qu'ils étaient huguenots au milieu du XVIIe. Mais comme ils font partie de l'entourage de Mme de Maintenon et qu'ils occupent des postes officiels, ils sont forcément catholiques, peut-être des Nouveaux Convertis ***... ?
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Les attaches des Raffeneau aussi bien avec le Berry où une partie de la famille se replie au moment de la Révolution, qu'avec la Bourgogne, semblent confirmer ce lien de parenté qui reste encore à établir.
De plus, l'un des gendres au moins de notre riche bourgeois parisien, Monsieur Jean Joseph Antoine de Sarrauton 180/224, gravite dans la sphère des princes de sang, puisqu'il est secrétaire du prince de Condé...
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Ce qui est un indice supplémentaire.

(buste par Coysevox)

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